L’avis des créatrices de filtre

Dans le premier volet de notre enquête, 3 make up artists star d’instagram nous livraient leurs perspectives sur l’avenir du maquillage à l’ère des filtres instagram.

Mais qu’en pensent les créatrices de ces filtres ?
Deux d’entre elles se sont pliées au jeu de l’interview pour répondre à nos questions.

Isabelle Udo est directrice artistique du studio de design interactif Video Orbit à Amsterdam. Spécialiste de la réalité augmentée, elle a crée plus de 50 filtres toujours très inspirés. 

Sofi Chernyak est une make up artist qui a décidé de passer à la réalité virtuelle en apprenant à utiliser cette technologie d’elle-même. Se définissant maintenant comme artiste de beauté digitale, elle travaille à New-York. Elle a réalisé en collaboration avec Erin Parsons les très remarqués cils digitaux de la mannequin Gigi Hadid pour le Camp Met Gala. 

Le maquillage complète t-il le filtre ou l’inverse ?

Pas de clash en vue entre make up artists et créatrices de filtres. 

Pour Sofi « Ça marche dans les deux sens. Je pense qu’on devrait les utiliser en tandem. Le maquillage vient en premier, mais il n’est pas supérieur. Par exemple, je prévois de créer bientôt un photoshoot beauté, où les filtres seront superposés avec du vrai maquillage. Pour moi, la réalité augmentée est vraiment une façon d’enrichir mon travail artistique, le rendre plus fort et accessible. » 

Comme Cédric, elle voit aussi la plus value de l’AR dans l’expérience retail des clientes. « Considérez aussi la façon dont nous interagissons avec le maquillage en boutique aujourd’hui. La partie tactile de l’expérience a complètement disparu. Que nous reste t-il donc à faire ? Je suis heureuse que la technologie soit là actuellement pour nous aider à choisir notre maquillage. Aujourd’hui on est capable de recréer n’importe quel rouge à lèvre, texture, couleur. On peut simuler le fard à paupière de façon très naturelle, ou même créer des cils qui suivent parfaitement le mouvement des yeux. »

Pour Isabelle, l’avenir est prometteur « Je crois qu’on entre dans une nouvelle ère quand il s’agit d’expression digitale. Le maquillage digital a l’énorme avantage de ne pas avoir à respecter les limites physiques du visage humain. Il peut aller bien plus loin avec les modèles 3D, la modélisation physique et les shaders. Cela crée tout autre niveau de liberté qui n’est pas atteignable aussi facilement avec du maquillage traditionnel. » Has been le maquillage ? Que nenni. « Je crois que les deux vont de paire et se complètent d’une façon très créative. Ensemble, avec Martha et Killian Vos, on a créé un filtre qui génère une couche de maquillage digital au-dessus du maquillage conventionnel quand il est lu par la caméra d’un téléphone ».

La réalité augmentée est-elle l’avenir du maquillage ?

Pour Sofi, aucun doute « La réalité augmentée est l’avenir du maquillage. Ce n’est pas juste une mode. J’ai pu le voir clairement cette année. De la même façon que les réseaux sociaux ont modifié notre façon d’interagir les uns avec les autres, je pense que les filtres vont modifier notre manière de percevoir un visage, ou même la beauté en général. Leur essence est similaire. Ils sont gratuits, faciles à utiliser, engageants et dynamiques ». 

Isabelle abonde en ce sens « Selon moi, l’utilisation de la réalité augmentée ouvre vraiment un nouveau monde de créativité. La technologie va progresser toujours plus vite et je suis super excitée de faire partie de cette industrie à forte croissance ». 

Sofi insiste sur ses questionnements éthiques « Ce type de direction créative implique aussi une part de responsabilité. Je veux parler de notre impact sur l’amour propre de l’utilisateur. En tant que créateurs nous avons le pouvoir d’influencer la vision que les gens ont d’eux-même, ainsi que de la beauté plus généralement. Je crois que les filtres n’ont pas pour but de cacher notre caractère unique, mais plutôt de l’accentuer de façon créative. »