Domotique : quand la maison connectée vire au manoir hanté
Auparavant synonyme de luxe, la maison connectée commence enfin à se démocratiser cette année. Avec 11% de croissance annuelle prévue jusqu’à 2023, la domotique devenue maison intelligente fait saliver de nombreux acteurs de l’industrie. Fabricants de mobilier, de réfrigérateurs ou de smartphones rivalisent tous d’imagination à côté de start-ups des plus prometteuses aux plus loufoques. Chacun veut devenir l’acteur central de nos maisons. Les consommateurs ont aussi soif de ces objets. Alors, on connecte tout cette année ? Pas si vite…
Une journée parfaite dans le meilleur des mondes #HomeLiving #BestLife
Votre réveil vous sort du sommeil par la douce musique de votre playlist Deezer préférée. Les stores s’ouvrent d’eux mêmes pour permettre au soleil de caresser vos paupières de professionnel fatigué. Vous sortez du lit sans froid et sans peine. Le thermostat intelligent a réglé votre chauffage dans la nuit. D’humeur capricieuse, vous criez « George, latte macchiato » puis sentez les effluves du café déjà prêt. Sûr qu’il est plus attentionné que votre ex, l’assistant vocal. Votre miroir vous propose votre look de la journée adapté aux données météorologiques. Vous ouvrez le frigo. Plus de yaourts.« George, commande 12 yaourts sans lactose MAINTENANT». « Oui, votre altesse ». Vous claquez la porte et entendez déjà aspirateur robot et machine à laver ronronner. Le verrou se ferme tout seul et les lumières s’éteignent au loin. Avouez qu’elle possède de sérieux arguments, la domotique. Elle réveille votre envie de vous prendre pour Marie Antoinette à Versailles depuis votre 3 pièces et demi dans le 11ème. Pour vous éviter de perdre la tête dans ce mirage, découvrez les points clés à mémoriser.
Guerre entre les fabricants et cauchemar à l’installation.
Les acteurs majeurs de la domotique essayent d’imposer leur standard. Et pour le moment, le client paye la facture de cette guerre. Premier point de vigilance ici, les systèmes connectés ne sont pas forcément compatibles. On vous imagine déjà comme nous dans les rayons d’un Darty survolant les petites mentions « compatible avec Apple HomeKit, Google Home, IFTTT, Amazon Alexa, Samsung SmartThings ». Non, vous ne rêvez pas. Votre thermostat et vos ampoules connectées ne parlent pas forcément la même langue. Alors, demandez-vous en premier lieu quel écosystème vous souhaitez rejoindre parmi ceux mentionnés. Notre conseil est de privilégier des objets connectés compatibles avec le plus grand nombre de standards possible, pour ne pas vous retrouver enfermés par un fabricant. Si vous êtes sur iOS et votre famille sur Android, vous éviterez peut-être aussi une lutte de pouvoir à la cour.
Enfermé dans le noir quand les serveurs tombent en rade
Deuxième point de vigilance, toujours assez technique. Quel niveau de dépendance technologique êtes-vous prêt à risquer ? La panne générale des services Google rapportée par le Huffpost l’année dernière a cruellement mis en lumière les limites de la maison intelligente. Sur les terres de nos amis américains, certains se sont réveillés avec un vent de révolution. Stores qui ne s’ouvrent plus, serrures connectées qui ne ferment pas, porte du garage bloquée, lumières impossibles à allumer. Et le tout en musique, avec un réveil qui continue de jouer pendant des heures et des heures en boucle… Le doux cocon s’était transformé en manoir hanté. Un conseil de bon sens sur ce point de vigilance. Quand vous choisissez de connecter un objet, vérifiez toujours s’il continuera à fonctionner en cas de panne du cloud ou de coupure d’internet. Votre aspirateur robot est-il capable de continuer à fonctionner sans wifi ? Votre ampoule connectée est-elle contrôlable aussi par un simple interrupteur ? Pour vous éviter un enfer à la maison, assurez-vous de pouvoir revenir aux basiques en cas de problème. L’absence de boutons physiques sur un objet est donc un mauvais présage.
Ecolo, la domotique ?
Un troisième enjeu majeur est l’impact de la domotique sur notre consommation énergétique. En France, l’immobilier est responsable de 25% des émissions de CO2. Et selon une étude menée par l’Ifop, 81% des français souhaitent une démarche engagée des acteurs de l’immobilier pour l’environnement. Evidemment, l’électronique difficile à recycler n’est pas bonne pour la planète. Et pourtant, les fabricants mettent en avant les vertus écolos de la domotique. Ce n’est pas que du greenwashing. En effet, le chauffage par exemple représente à lui seul plus de 27% de notre consommation électrique. Avouons-le, il nous arrive d’oublier de l’éteindre. Avec un thermostat connecté pour y penser à notre place, les économies d’énergie sont réelles. Un fabricant français propose même des stores qui s’ouvrent et se ferment en fonction de l’ensoleillement. Ils peuvent ainsi capturer la chaleur ou au contraire de la laisser s’évader. Plus écolo qu’une clim.
Alors, maison connectée ou manoir hanté ?
Restons en bons français un peu sceptiques. La maison connectée peut être une source de confort et un allié écologique pour urbains pressés. Mais si vous en êtes arrivés au stade fatidique où vous voulez discuter avec votre réfrigérateur, peut-être qu’un psy ou un abonnement à un site de rencontre seraient meilleurs pour votre santé mentale et celle de la planète. On connectera donc en appliquant les bons conseils, et toujours avec modération.
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